Get Better

Storm Orchestra

12 titres, 38:17


Depuis que “Drummer” a explosé en 2024, propulsant Storm Orchestra hors des clubs underground parisiens vers les radars internationaux, on attendait le trio au tournant. Get Better, second album sorti le 11 avril 2025 via Mascot Records, démontre que leur percée n’était pas un accident. C’est l’œuvre d’un groupe qui sait exactement où il va.

Fondé en 2019 par Maxime Goudard (chant/guitare), Adrien Richard (basse) et Loïc Fouquet (batterie), Storm Orchestra a pris son temps. EP éponyme en 2020, premier album What A Time To Be Alive en 2023 qui les a propulsés en “artistes à suivre” sur Spotify et Deezer. Puis 2024 : l’année de l’accélération. Des clubs sold-out en France, des festivals européens, une signature chez Mascot Records. Le virage professionnel qu’ils attendaient.

Get Better arrive donc avec une pression considérable : confirmer que Storm Orchestra peut porter le flambeau du rock alternatif français à l’international. Spoiler : ils y arrivent.

Une palette alt-rock maîtrisée

L’album s’ouvre sur “Bright Soul”, fusion de synth-rock et de mélodies accrocheuses. Les couplets mid-tempo cèdent la place à des refrains énergiques - formule classique mais efficace. Le seul reproche : le solo instrumental vers la fin dilue l’impact du refrain final, les deux se fondant l’un dans l’autre.

Puis arrive “Drummer”, le hit qui a tout changé. Impossible d’y échapper : ce refrain vous habite pendant des jours. C’est du rock formaté pour les playlists Spotify ? Peut-être. Est-ce que ça fonctionne ? Absolument. Le trio maîtrise l’art du hook anthémique sans sombrer dans la facilité radiophonique.

Les collaborations qui comptent

Storm Orchestra a invité deux poids lourds pour étoffer leur son : Chunk! No, Captain Chunk! sur “Crush The Mirrors” et JJ Wilde sur “Désolé”. Ces featuring auraient pu sonner opportunistes - ils enrichissent au contraire la dimension internationale du disque. “Crush The Mirrors” injecte une dose de metalcore français dans la formule, tandis que " Désolé" (en français dans le texte) apporte une vulnérabilité bienvenue.

L’art du contraste

Ce qui impressionne sur Get Better, c’est la capacité du trio à varier les atmosphères sans perdre en cohérence. “Superplayer” s’appuie massivement sur les synthés, “Cut Loose, Somehow” déploie un rock rapide et nerveux. Ces ruptures de rythme pourraient désorienter - elles maintiennent au contraire l’attention en éveil.

La seconde moitié de l’album adopte une structure récurrente : démarrage lent puis montée en intensité. Le procédé pourrait lasser, mais Storm Orchestra brise le pattern avant qu’il ne devienne prévisible. “This Game” attaque directement à haute vitesse avant de ralentir, “Get Back In Time” verse dans le grunge-rock assumé.

“Trash The Room” : le statement final

La clôture de l’album mérite qu’on s’y attarde. “Trash The Room” ne dure qu’une minute dix-neuf - le morceau le plus court du disque. C’est aussi le plus lourd, une incursion hardcore qui surprend par sa brutalité. Le chant scandé " Thrash, trash, trash the room" transforme l’album en manifeste : Storm Orchestra refuse de se faire enfermer dans une case.

Ce titre final subvertit toutes les attentes. Après onze morceaux d’alt-rock calibré, le groupe balance un uppercut qui rappelle qu’ils viennent de la scène underground parisienne, pas d’une usine à tubes aseptisés.

Les limites techniques

Get Better n’est pas exempt de défauts. La production souffre parfois d’un mixage confus où les instruments noient les voix. Certains morceaux comme “Our Victory” sonnent formulaiques, écrasés par la qualité des titres adjacents. Mais ces faiblesses restent mineures face à l’énergie globale.

On sent que le trio s’amuse, qu’il vit pleinement ce moment d’explosion. Cette joie transpire dans chaque mesure, transformant les quelques approximations techniques en marques d’authenticité plutôt qu’en défauts rédhibitoires.

Verdict : La confirmation tant attendue

Si “Drummer” était leur hit, Get Better est l’album qui les propulse au niveau supérieur. Storm Orchestra fait ce que peu de groupes français osent : assumer un rock alternatif moderne, tourné vers l’international, sans renier leurs racines parisiennes.

L’album fonctionne comme un tout cohérent tout en laissant deviner les multiples directions que le groupe pourrait explorer à l’avenir. Des synthés de “Superplayer” à l’hardcore de “Trash The Room”, Storm Orchestra prouve qu’ils possèdent l’amplitude stylistique nécessaire pour durer.

La France cherchait depuis longtemps un groupe capable d’exporter son rock alternatif avec crédibilité. Après Phoenix qui a viré pop, après tant de formations disparues dans l’indifférence générale, Storm Orchestra arrive avec le bon son au bon moment.

2025 est leur année, disait-on en introduction. Get Better transforme cette prédiction en évidence. À suivre de très près.

Commentaires

comments powered by Disqus