MADAM
Au départ, il n’y avait rien. Les trois musiciennes ne se connaissaient pas et se sont rencontrées pour monter le groupe. Pas de nom, pas de compositions. Cette genèse atypique marque profondément l’ADN de MADAM : un projet né du désir brut de faire de la musique ensemble, sans autre prémisse que l’envie de créer.
Gabbie Burns a rencontré Anaïs Belmonte (batterie) et Marine Masachs (basse) via les réseaux sociaux, et leur première répétition s’est déroulée dans un espace de jazz inadapté où même un coup de caisse claire semblait trop fort. Ces débuts modestes, presque comiques, contrastent avec la puissance sonore que le trio développera par la suite.
Le groupe est formé à Toulouse en 2017, s’inscrivant dans la riche tradition rock de la Ville Rose tout en apportant une énergie nouvelle et résolument féminine.
L’identité musicale : power rock sans compromis
La musique de MADAM, elles la font “avec leurs putains de tripes”. Ce qu’elles veulent, c’est que les gens sentent ça, et qu’ils voient le plaisir qu’elles ont à monter sur scène, à ressortir moites de sueur, la bouche pâteuse, avec une seule envie : recommencer. Cette déclaration résume parfaitement l’approche du groupe : une musique physique, instinctive, qui refuse la distance intellectuelle ou la sophistication excessive au profit de l’intensité émotionnelle brute.
MADAM est un power trio de rock alternatif, 100% féminin et originaire de Toulouse. Cette configuration en trio permet une interaction musicale directe et intense, où chaque instrument occupe un espace sonore maximal.
Leur musique est un concentré réjouissant de rock, de punk et de noise, fusionnant l’énergie brute du punk, la puissance du rock et les textures abrasives de la noise.
Le groupe est souvent considéré comme l’héritier de L7 et des Runaways, deux formations légendaires du rock féminin. Cette filiation place MADAM dans une lignée historique de groupes qui ont prouvé que le rock au féminin n’avait rien à envier à ses homologues masculins en termes de puissance et d’authenticité.
Les Toulousaines sont comparées aux sœurs Halliwell version Sleater-Kinney, une référence qui mêle humour pop-culturel et respect pour le riot grrrl movement.
On peut les ranger entre Les Jolis et Les Calamités, deux autres représentants de la scène garage et rock français, témoignant de leur ancrage dans le paysage hexagonal.
Le processus créatif : l’écriture collective
Les trois musiciennes se sont enfermées dans des studios et ont écrit leurs premiers morceaux ensemble. C’est un processus qu’elles n’ont jamais lâché depuis. Cette approche collaborative garantit que chaque morceau porte l’empreinte des trois personnalités, créant une cohésion sonore organique.
Cette méthode de travail reflète également une philosophie égalitaire : MADAM n’est pas le projet d’une leader avec des musiciennes d’accompagnement, mais bien un collectif où chaque voix compte.
EP I (2018)
Le premier EP, sorti le 16 octobre 2018, comprend quatre titres : “YOUR SONG”, “DAY”, “SCARECROW” et “THE RIDE”. Ce premier opus pose les bases de l’identité sonore de MADAM et leur permet de se faire connaître sur la scène rock toulousaine et au-delà.
EP II (2022)
Le second EP, sorti le 18 mars 2022, contient cinq morceaux : “Witches”, “Rodeo”, “Mad”, “Fire” et “Bye Bye Palace”. Ce deuxième EP a impressionné le public et la critique, confirmant que MADAM n’était pas un feu de paille mais un groupe capable de maintenir et d’élever son niveau d’exigence.
L’EP a été enregistré par Lo’Spider au Swampland, masterisé par Alexis Bardinet chez Globe Audio, avec une distribution numérique assurée par Baco Distribution, témoignant d’une structure de production professionnelle.
Thanks for the Noise (2024)
Le 12 avril 2024, MADAM sort son premier album Thanks for the Noise, comprenant 12 titres pour une durée de 35 minutes. Ce premier long format marque une étape majeure dans la carrière du trio.
Le groupe célèbre la sortie de cet album avec une release party au Métronum de Toulouse le 17 mai 2024, confirmant l’importance de la scène live dans leur démarche artistique.
Le titre “Thanks for the Noise” (Merci pour le Bruit) résonne comme un manifeste : une célébration du volume, de l’intensité et de l’énergie brute qui caractérisent leur approche musicale. C’est aussi un remerciement adressé à leur public, aux lieux qui les accueillent, à tous ceux qui leur permettent de faire ce “bruit” qu’elles aiment tant.
France Inter, par la voix de Djubaka, décrit ainsi leur musique : “Elles ont cet amour du bruit, livrant un rock tendu, sans fioritures, efficace coûte que coûte”.
La scène avant tout
MADAM a fait des concerts aussi vite qu’elles ont pu, parce que faire des concerts, c’est ce qu’elles aiment. Au début, il n’y avait personne, puis au fur et à mesure, il y avait un peu moins personne. Cette autodérision témoigne de l’humilité du groupe et de sa détermination à construire son public concert après concert.
Le groupe apprécie le fait que les gens viennent voir un groupe dont ils n’ont jamais entendu parler, une philosophie qui valorise la découverte et la spontanéité plutôt que le star-system.
Cette approche scénique prioritaire s’inscrit dans la tradition du rock indépendant, où c’est sur scène que tout se joue, dans l’échange direct et physique avec le public.
Le groupe exprime encore son étonnement de voir son nom grossir sur les programmations, d’entendre les gens chanter des paroles qu’elles ont écrites. Cette surprise mêlée de gratitude témoigne d’une authenticité rafraîchissante dans un milieu souvent marqué par l’ego et la recherche de célébrité.
MADAM s’inscrit dans une lignée historique de groupes féminins qui ont prouvé que le rock au féminin n’avait rien de “soft” ou d’édulcoré. En revendiquant leur identité de power trio 100% féminin, elles participent à la normalisation de la présence des femmes dans le rock le plus énergique, un genre longtemps dominé par les hommes.
Leur approche ne repose pas sur une revendication militante affichée mais sur la simple évidence de la musique qu’elles créent : puissante, viscérale, sans compromis. Cette stratégie de “laisser parler la musique” s’avère peut-être plus efficace qu’un discours théorique.
L’ancrage régional et l’ambition nationale
Basées à Toulouse, MADAM participe au dynamisme de la scène rock occitane tout en nourrissant des ambitions qui dépassent largement le cadre régional. Leur inscription dans des réseaux de booking et de distribution nationaux témoigne de cette volonté d’élargissement.
La Ville Rose offre un terreau fertile pour le rock indépendant, avec ses nombreuses salles de concert et son public fidèle. MADAM s’inscrit dans cette tradition tout en apportant une énergie nouvelle.
Conclusion
MADAM incarne ce paradoxe fécond du rock : la capacité à exprimer simultanément la rage et la joie, la violence sonore et le plaisir de jouer ensemble. Leur musique ne cherche pas à plaire à tout le monde mais à créer une expérience intense, physique, cathartique pour celles qui la jouent comme pour ceux qui l’écoutent.
Avec “Thanks for the Noise”, le trio franchit un cap symbolique : celui du premier album, cette étape qui sépare les groupes éphémères des formations qui construisent une œuvre dans la durée. Sept ans après leur formation, MADAM a prouvé sa constance, son exigence et sa capacité à fédérer un public fidèle.
Dans un paysage musical français parfois trop policé ou formaté, MADAM rappelle que le rock reste avant tout une affaire de tripes, de sueur et de bruit salvateur. Un trio à suivre absolument pour tous ceux qui croient encore que le rock n’a pas dit son dernier mot.
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| EMB Espace Michel Berger, Sannois, France | MADAM | ||
| Le Plan, Ris-Orangis, France | MADAM, Grandmas House |

