Caribana

Caribana Festival : “Le plus petit des grands festivals” au bord du Léman

Les origines : une fête improvisée devenue institution

L’histoire du Caribana Festival commence en 1983 avec la Fête des Caraïbes organisée à Nyon, qui rassemble plus de 40 000 personnes. Cinq ans plus tard, en 1988, Tony Lerch et un groupe d’amis s’inspirent de cette réussite pour créer un " giron tropical" à Nyon, une fête musicale gratuite qui attire immédiatement les foules.

Une deuxième édition se tient en 1990, et c’est officiellement le 1er juin 1990 que naît le Caribana Festival au port de Crans-près-Céligny, village vaudois situé à quatre kilomètres du célèbre Paléo Festival. Cette première édition, modeste avec un budget de 50 000 francs suisses, attire 2 000 visiteurs sur trois soirs. Mais l’ADN du festival est déjà posé : une organisation entièrement bénévole réunie au sein d’une association à but non lucratif, une programmation musicale éclectique, et un cadre naturel exceptionnel au bord du Lac Léman.

Tony Lerch, l’un des membres fondateurs, dirige encore le festival en 2025, témoignage d’une fidélité rare dans le milieu des festivals. Comme il l’explique : “C’était très local, avec une programmation axée sur les Caraïbes, puis l’Afrique et le reggae, et aussi pas mal de groupes qui passaient en Repérages sur Couleur 3. Peu à peu, aussi à cause du déclin de groupes fédérateurs comme Zouk Machine et Kassav’, on s’est tourné vers des choses plus pop.”

L’évolution : d’un festival Caribéen à un événement généraliste

Les années de croissance (1990-2005)

Le Caribana connaît une croissance régulière année après année. En 1995, les organisateurs investissent dans une nouvelle parcelle pour s’affranchir de l’espace bricolé directement au port. Le festival inaugure sa deuxième scène en 1997, baptisée “Scène du Lac”, permettant une programmation plus riche et plus diverse. Cette même année marque l’arrivée du blues au festival et la mise en place d’un service de navettes.

En 2001, le festival enregistre 18 500 entrées, dont 11 900 payantes. L’édition 2002 propose déjà quatre dates, et la programmation commence à s’ouvrir à des artistes moins connus, notamment suisses, tout en accueillant des têtes d’affiche de plus en plus prestigieuses.

2005 : l’année charnière

L’année 2005 représente un tournant décisif dans l’histoire du Caribana. La venue de Moby, alors superstar internationale, “installe le festival sur la carte des festivals qui comptent”, selon les organisateurs. Cette édition attire 19 500 visiteurs et propulse le Caribana dans une nouvelle dimension, lui permettant de vivre d’excellentes éditions jusqu’en 2010, année où les quatre soirs affichent complet pour un total de 32 000 spectateurs.

La consolidation (2010-2025)

Fort de ce succès, le Caribana s’impose comme un acteur incontournable de la scène festivalière suisse romande. Aujourd’hui, il accueille en moyenne 30 000 spectateurs sur quatre jours début juin et se positionne comme “le plus petit des grands festivals” – une formule qui résume parfaitement son esprit : l’ambition d’une programmation internationale de haut niveau dans un cadre intimiste et une atmosphère conviviale.

La programmation : un éclectisme revendiqué

Les légendes qui ont foulé les scènes du Caribana

Au fil des éditions, le festival a accueilli une impressionnante galerie d’artistes internationaux qui témoigne de son évolution et de son rayonnement :

Rock & Alternative : Lou Reed, ZZ Top, Pixies, Queens of the Stone Age, The Offspring, Sum 41, Evanescence, Powerwolf, Patti Smith, Simple Minds, Status Quo, Foreigner

Pop Internationale : Katy Perry, Mika, Maroon 5, Imagine Dragons, Alanis Morissette, Passenger, Tom Odell, Louane

Électro & Dance : Moby, Fatboy Slim, Meduza, Kungs, Klingande, Madeon, Fakear

Hip-Hop & Rap Francophone : IAM, Youssoupha, PLK, Zola, Bigflo & Oli, Soso Maness

Soul & Funk : Earth, Wind & Fire, Macy Gray, Boy George

Les Soirées Thématisées : Une Innovation Réussie

À partir des années 2020, le Caribana adopte une stratégie de soirées thématisées qui rencontre un franc succès auprès du public. Chaque soir se concentre sur un genre musical spécifique :

  • Mercredi/Jeudi : Rock, Pop-Rock, Metal
  • Vendredi : Électro (la soirée qui enregistre traditionnellement le plus de consommations aux bars)
  • Samedi : Hip-Hop, Rap, Urbain

Cette organisation permet au festival de toucher différents publics tout en maintenant une cohérence musicale qui facilite l’expérience des festivaliers.

Programmation 2025 : La 35ème Édition

Pour son 35ème anniversaire (4-7 juin 2025), le Caribana propose une affiche éclectique qui illustre parfaitement sa philosophie :

Têtes d’affiche : The Prodigy, Alan Walker, Air, Kungs, Kavinsky, POLO & PAN, Tayc

Autres artistes : Royal Republic, Eastwood, Mass Hysteria, Poppy, House of Protection

Cette programmation mêle légendes de l’électro (The Prodigy, Air), stars de la scène électronique actuelle (Alan Walker, Kungs), références de l’électro française (Kavinsky, POLO & PAN) et découvertes émergentes.

Le cadre : un écrin naturel exceptionnel

Le port de Crans-près-Céligny

Le festival se déroule au port de Crans-près-Céligny, petit village vaudois niché sur les rives du Lac Léman, entre Genève et Lausanne. Ce cadre idyllique constitue l’un des atouts majeurs du festival : imaginez des concerts en plein air avec en toile de fond les eaux bleues du Léman et, au loin, les sommets alpins qui se découpent sur l’horizon.

Cette situation géographique privilégiée offre aux festivaliers une expérience unique : profiter de concerts de classe internationale dans une atmosphère presque méditerranéenne, avec la possibilité de se promener au bord du lac entre deux sets, de déguster des spécialités locales, et de vivre la musique dans un environnement naturel préservé.

L’accessibilité

Situé à proximité immédiate de Nyon et facilement accessible depuis Genève (sortie 10 Coppet) et Lausanne (sortie 11 Nyon), le festival bénéficie d’une excellente desserte. Des parkings sont aménagés chaque année à proximité du site, et une piste cyclable longe le lac depuis Nyon jusqu’au festival, permettant aux festivaliers écologistes de venir à vélo.

La philosophie : bénévolat, engagement et respect

Une gestion 100% bénévole

Particularité remarquable dans le paysage festivalier actuel, le Caribana reste entièrement géré par des bénévoles depuis sa création. Cette organisation associative à but non lucratif garantit une indépendance totale et permet de réinvestir l’intégralité des bénéfices dans l’amélioration du festival et le soutien à la scène musicale locale.

Cette dimension humaine transparaît dans l’accueil réservé aux festivaliers et dans l’atmosphère générale du festival : convivialité, proximité avec les artistes, et un véritable esprit de communauté qui tranche avec la froideur commerciale de certains méga-festivals.

Un engagement environnemental affirmé

Le Caribana s’inscrit dans une démarche de développement durable avec le label Swisstainable. Pour chaque billet vendu, 1 franc suisse est alloué à la compensation des émissions de CO₂ via le programme MyClimate. Cette participation permet au festival de renforcer son engagement écologique, porté depuis plusieurs années.

Au-delà de cette compensation carbone, le festival multiplie les initiatives pour réduire son empreinte environnelle : gestion des déchets, sensibilisation du public, limitation des plastiques à usage unique, et encouragement des modes de transport doux (vélo, navettes).

Le soutien à la scène locale

Fidèle à ses origines, le Caribana continue de donner la parole à des artistes moins connus, notamment suisses et francophones. Chaque édition réserve des créneaux pour des talents émergents de la scène locale, permettant à ces artistes de se produire devant un large public aux côtés de stars internationales.

Cette politique de soutien à la jeune création musicale s’inscrit dans la mission de l’association : non seulement organiser une fête annuelle mémorable, mais aussi participer au dynamisme culturel de la région lémanique.

L’expérience festivalière : entre intimité et qualité

Une taille humaine

Avec ses 30 000 spectateurs répartis sur quatre jours, le Caribana offre une expérience festivalière à échelle humaine. Contrairement aux méga-festivals où l’on peut se sentir perdu dans la foule, ici, l’atmosphère reste conviviale et accessible. Les deux scènes principales permettent de profiter de la programmation sans faire des kilomètres entre les concerts.

Cette taille mesurée garantit également une certaine qualité de service : files d’attente raisonnables, espaces de restauration suffisants, sanitaires entretenus, et une sécurité discrète mais efficace.

L’option VIP

Pour ceux qui souhaitent vivre l’expérience Caribana avec un confort supplémentaire, le festival propose une formule VIP qui inclut un drink de bienvenue et l’accès à des zones privées, dont une plateforme face à la scène principale offrant une vue imprenable sur les concerts et le lac.

La tarification

Le Caribana pratique une politique tarifaire accessible avec des billets journaliers à partir de 74 francs en semaine et 84 francs le samedi (tarifs adultes 2025). Des abonnements 4 jours et des pass week-end sont également disponibles, avec régulièrement des promotions (comme la réduction de 25% proposée pour Noël).

Les défis et perspectives

La concurrence festivalière

Situé à quatre kilomètres du légendaire Paléo Festival de Nyon, l’un des plus grands festivals d’Europe, le Caribana aurait pu être étouffé par ce voisin prestigieux. Au contraire, il a su trouver sa place en cultivant une identité propre : plus petit, plus intimiste, plus diversifié aussi dans ses propositions musicales.

Cette cohabitation témoigne de la vitalité de la région lémanique qui peut accueillir plusieurs festivals de grande qualité, chacun avec son positionnement spécifique.

La pandémie et la résilience

Comme tous les festivals, le Caribana a dû faire face aux annulations de 2020 et 2021 dues à la pandémie de Covid-19. Ces deux années blanches ont représenté un défi majeur pour une organisation bénévole. Mais le festival a su rebondir avec force, l’édition 2022 marquant un retour triomphal avec Fatboy Slim, Meduza et The Offspring en têtes d’affiche.

L’Avenir : vers la 40ème édition

En 2025, le Caribana célèbre sa 35ème édition – un âge respectable qui témoigne de sa capacité à se réinventer tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices. L’objectif affiché : continuer à proposer une programmation éclectique et de qualité, à maintenir cet esprit convivial et bénévole qui fait son charme, et à renforcer son engagement environnemental.

La programmation 2026 (17-20 juin), déjà annoncée avec Mika, Lost Frequencies, Niska et Purple Disco Machine, confirme cette trajectoire : un festival qui sait évoluer avec son temps tout en préservant son identité unique.

Conclusion : un modèle de festival alternatif

Le Caribana Festival incarne une forme de résistance culturelle dans le paysage festivalier contemporain. À l’heure où les grands festivals sont souvent gérés par des multinationales du divertissement, il prouve qu’une organisation bénévole et associative peut rivaliser en termes de qualité de programmation et d’expérience festivalière.

Son secret ? Un équilibre subtil entre ambition et authenticité, entre stars internationales et talents locaux, entre fête débridée et respect de l’environnement. Le Caribana n’est pas le plus grand festival de Suisse, ni le plus médiatisé. Mais il est sans doute l’un des plus attachants, l’un de ceux où l’on sent encore battre le cœur d’une passion authentique pour la musique et le rassemblement humain.

Au bord du Léman, entre les montagnes et le lac, le Caribana continue d’écrire son histoire, une édition après l’autre, porté par l’énergie inlassable de ses bénévoles et la fidélité d’un public qui a compris que la magie d’un festival ne se mesure pas forcément à sa taille, mais à l’intensité des émotions qu’il procure.

Trente-cinq ans après sa création, cette fête improvisée de 1989 est devenue une institution culturelle de Suisse romande. Et le plus beau, c’est que l’esprit des origines – cette envie simple et pure de faire la fête autour de bonne musique au bord de l’eau – reste intact.

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