Ace G, John Mavro, Saya Gray
La Canadienne débarque aux Docks avec son premier album SAYA, fruit d’un voyage solitaire au Japon, pour offrir une démonstration de folk-rock sophistiqué qui confirme toutes les promesses de ses influences revendiquées. Entre héritage des Beatles, puissance de Led Zeppelin et profondeur poétique de Joni Mitchell. Cette performance promet de révéler une artiste qui refuse les facilités esthétiques pour explorer tous les territoires sonores entre folk, rock et pop.
Accompagnée d’Ace G aux claviers et beatbox, et de John Mavro à la guitare, Saya Gray construit une architecture sonore qui alterne entre moments collectifs et passages en solo.
© Photos / Marwan Khelif
La maîtrise vocale et instrumentale
Sa voix saisissante confirme immédiatement toutes les attentes : capacité à naviguer entre douceur folk et puissance rock avec une aisance technique exceptionnelle. Cette maîtrise de voix témoigne d’un travail vocal approfondi, rare dans une génération indie souvent limitée à un seul registre expressif.
Sa guitare à deux manches, choix instrumental audacieux, révèle une ambition compositionnelle qui dépasse largement les standards du folk-rock actuel. Cet instrument, avec ses possibilités harmoniques étendues, lui permet d’explorer des territoires sonores inaccessibles aux configurations traditionnelles. Ses sangles de guitare ornées de fourrure témoignent d’une attention aux détails visuels qui reflète parfaitement son approche musicale globale. Chaque élément, du plus technique au plus décoratif, doit servir une vision d’ensemble cohérente.
Le mélange des styles comme identité artistique
Ses “paysages sonores intimes et vibrants qui mélangent les mondes du folk, du rock, de la pop et tout ce qui se trouve entre les deux” trouvent dans cette performance leur pleine expression. L’alternance maîtrisée entre morceaux plus rock - où la puissance instrumentale rappelle effectivement Led Zeppelin - et passages intimistes folk révèle une artiste qui refuse l’enfermement esthétique.
Cette capacité à naviguer fluidement entre genres, loin d’être dispersion stylistique, devient signature artistique : l’identité de Saya Gray réside précisément dans ce refus des assignations rigides. Son écriture poétique, héritière assumée de Joni Mitchell, porte des thématiques introspectives qui trouvent dans cette diversité sonore leur écrin parfait.
Le voyage solitaire au Japon, matrice de cet album SAYA, transparaît dans cette approche méditative du rock où chaque composition devient exploration intérieure.
L’intimité repensée comme manifeste scénique
Le moment où Saya Gray s’assoie pour un concert plus intimiste transforme le concert en expérience collective partagée. Cette approche trouve sa logique profonde dans la genèse même de l’album : comment un voyage solitaire peut-il devenir communion collective ? En refusant la verticalité traditionnelle du concert pour proposer une rencontre d’égal à égal. Cette séquence assise contraste d’autant plus puissamment avec les moments de puissance rock debout, créant une dramaturgie émotionnelle parfaitement maîtrisée.
L’avènement d’une artiste accomplie
Saya Gray confirme aux Docks tout le potentiel annoncé par ses influences prestigieuses et son parcours singulier. Sa capacité à digérer les Beatles, Led Zeppelin et Joni Mitchell pour créer une identité propre témoigne d’une maturité artistique exceptionnelle pour un premier album. Cette maîtrise vocale et instrumentale, combinée à une écriture poétique profonde et à une conception innovante de la performance live, révèle une artiste qui refuse toutes les facilités. Son folk-rock sophistiqué, ancré dans la tradition tout en embrassant la modernité électronique, dessine les contours d’une carrière qui s’annonce majeure. Cette soirée aux Docks restera comme le moment où la scène indépendante a découvert une voix essentielle, capable de transcender les genres pour toucher l’universel.


















