The Legendary Orchestra, Sabaton

The Legendary Orchestra Sabaton

LDLC Arena, Décines-Charpieu, France,

En annonçant leur « Legendary Tour 2025 », Sabaton promettait de faire quelque chose qu’ils n’avaient jamais fait auparavant. Ce samedi 29 novembre, la LDLC Arena de Lyon a pu juger sur pièces : les Suédois n’ont pas menti. Ce qui s’est déroulé ce soir-là dépasse le simple concert de power metal pour entrer dans la catégorie du spectacle total, un événement où pyrotechnie, théâtre et musique fusionnent en une expérience sensorielle hors normes.

The Legendary Orchestra : l’ouverture épique

À 20h, les lumières s’éteignent sur un décor de château fort médiéval. Trois silhouettes féminines prennent place : Noa Gruman au centre, chef de chœur et voix principale d’une puissance sidérante, flanquée sur les deux tours de la violoniste Mia Asano et de Patty Gurdy, armée de sa vielle à roue électrifiée. Trois guerrières mythiques pour une entrée en matière magistrale.

Le concept est audacieux : revisiter le répertoire de Sabaton en version orchestrale, sans le groupe lui-même. Et pourtant, la magie opère instantanément. « Ghost Division », « Bismarck », « Sarajevo », « Winged Hussars », « Swedish Pagans »… Les hymnes du groupe prennent une dimension nouvelle, portés par des arrangements ciselés où le violon électrique dialogue avec la vielle à roue dans un mariage inattendu, mais terriblement efficace. Le chœur élargit les refrains jusqu’à des proportions cathédraliques, tandis qu’un jeu de lumières absolument sublime transforme la scène en tableau vivant.

© Photos / Marwan Khelif

Le public lyonnais, conquis dès les premières notes, reprend les refrains à pleins poumons. Cette première partie ne cherche pas à voler la vedette, mais elle installe avec brio le ton de la soirée : ce soir, on écrit l’Histoire. Légendaire, effectivement.

Sabaton : quand l’Histoire prend vie

Entre les deux groupes, un concours d’empilage d’écocups se lance, atteignant des hauteurs improbables, ajoutant une touche de légèreté bienvenue à cette atmosphère épique.

Après un changement de plateau, mais pas de scène, la LDLC Arena plonge dans le noir. Alors débute une introduction de vingt minutes comme on n’en avait jamais vu. Sur une seconde scène, au font de la fosse, une silhouette apparaît. Napoléon Bonaparte en personne s’avance et délivre un discours galvanisant. Puis c’est au tour de Genghis Khan d’entrer en scène, suivi de Jules César lui-même. Trois conquérants légendaires pour annoncer l’arrivée des véritables maîtres de cérémonie.

La configuration scénique est spectaculaire : deux scènes reliées par un immense pont suspendu au-dessus de la fosse, permettant aux musiciens de traverser l’arène et de se rapprocher du public. Quand Joakim Brodén et ses comparses apparaissent enfin, cachés sous des capes, escortés par des templiers en armure. L’entrée est théâtrale, grandiose, parfaitement chorégraphiée.

© Photos / Marwan Khelif

Ce qui suit est un déluge de sensations. Les flammes jaillissent des deux côtés de la scène, des coups de canon résonnent à faire trembler les murs, des dragons crachent du feu au-dessus du groupe, les explosions ponctuent les passages les plus intenses, et les confettis pleuvent sur une foule en délire. La production est titanesque, chaque morceau bénéficiant de sa propre mise en scène.

La setlist, parfaitement rodée depuis le début de la tournée européenne, alterne entre classiques incontournables et raretés. « Primo Victoria » déclenche les premiers circle pits, « Carolus Rex » transforme l’arène en chœur géant, « Night Witches » fait lever tous les poings. Les morceaux plus rares comme « The Art of War » ou « Steel Commanders » sont accueillis avec la même ferveur.

Moment singulier de la soirée : deux Marseillaises spontanées entonnées par le public lyonnais, créant une communion inattendue entre le metal suédois et le patriotisme local.

Le groupe est rejoint par le chœur de The Legendary Orchestra, amplifiant encore la dimension épique des morceaux. Joakim Brodén, en showman accompli, alterne entre moments d’humour et passages plus solennels où il contextualise historiquement les chansons. Tommy Johansson (guitare), Chris Rörland (guitare), Pär Sundström (basse) et Hannes Van Dahl (batterie) assurent une prestation millimétrée, démontrant une fois de plus pourquoi Sabaton a remporté le prix du « Best Live Band » aux Metal Hammer Golden Gods Awards.

Après 1h45 de show, le concert se clôt sur « Masters of the World », un choix cohérent avec la thématique de cette tournée exceptionnelle. La LDLC Arena sort quasiment abasourdie, les oreilles bourdonnantes et les yeux encore éblouis par tant de pyrotechnie.

Verdict

Avec ce « Legendary Tour », Sabaton franchit un cap décisif dans sa carrière. Ce n’est plus un concert, c’est un spectacle de grande envergure qui rivalise avec les plus grosses productions du genre. La fusion entre musique, théâtre, histoire et mise en scène atteint ici un équilibre rare, porté par un groupe qui maîtrise désormais le format arena avec une aisance confondante.

Peu de formations metal osent une telle ambition scénographique, et encore moins réussissent à la porter avec autant de maîtrise. Cette date lyonnaise confirme que Sabaton n’est plus seulement un groupe de power metal : c’est une expérience à part entière, une machine de guerre spectaculaire qui, comme les légendes qu’elle célèbre, marquera durablement les mémoires de ceux qui l’ont vécue.

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